Résumé : La catastrophe de Valence, avec un nombre de morts très élevé et un lourd bilan qui n’est pas encore définitif, nous ramène à notre vulnérabilité face à la nature en colère.
Comme de nombreux Corses j’exprime ma compassion et ma solidarité envers ces populations. Vivant dans un monde de l’immédiateté, où une actualité chasse l’autre, chacun oublie.
Aussi je rappelle la récente crue qui a dévasté la RESTONICA, les débordements récurrents du TAVIGNANU à Aleria, du RIZZANEZE à Cauro, des divers ruisseaux des communes au sud de Bastia, l’inondation de l’aéroport d’Ajaccio et la crue du CAVU dans la plaine de ZONZA.
Le présent billet rappelle que si nous sommes résilients face à la nature, le pays a fait depuis plusieurs décennies, le choix de la prévention et de la protection des populations pour limiter l’impact des événements exceptionnels.
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Après avoir énuméré les catastrophes naturelles subies par notre île, je rappelais dans mon introduction que le pays a fait depuis plusieurs décennies, le choix de la prévention et de la protection des populations pour limiter l’impact des événements exceptionnels.
1 – Des cartes répertoriant les territoires à risques importants (TRI), car ils abritent une forte population, existent pour Ajaccio, Bastia et La Marana. Elles sont consultables au lien suivant :
https://www.corse.developpement-durable.gouv.fr/acces-direct-a-la-cartographie-du-risque-r650.html
2 – Très récemment un plan de prévention contre les tsunami sur le littoral de l’Arc Méditerranéen est également rentré en vigueur avec un système de sirènes et d’alerte sms. Lien
Certains peuvent trouver cela excessif, mais chaque catastrophe nous rappelle que la prévention coûte toujours moins cher que la lutte et qu’il est toujours plus utile de prévoir et de protéger que de voir détruire des maisons, des espaces et hélas de voir disparaître des vies…
3 – De manière synthétique trois phénomènes se conjuguent pour aboutir à des situations à risques : fortes précipitations et ruissellements importants, absorption insuffisante des sols peu végétalisés et très urbanisés et vents dirigés vers la terre ne permettant pas à la mer d’absorber le trop-plein d’eau.
La prévention a pour but de mettre en place des solutions naturelles et durables qui ne pourront malheureusement pas faire face à une crue centennale ou millénale. C’est la raison pour laquelle les communes ajoutent des plans de prévention des risques naturels (PPRN) et de risques d’inondation (PPRI) à leurs documents d’urbanisme. Ils paraissent contraignants lors de leur élaboration, mais se révèlent fort utiles la catastrophe venue, car ils la minimisent.
C’est d’autant plus important qu’en France 16,8 millions de personnes sont exposées au risque de débordement des cours d’eau, 1,4 million au risque de submersion marine, avec 20% des habitations qui sont de plain-pied.
4 – Des solutions de bon sens existent aussi pour minimiser ces risques comme :
-l’amélioration et la diffusion des prévisions météorologiques, qu’il conviendrait d’affiner plus encore par bassins versants ;
-la préservation des zones humides : marais, berges de rivières et plans d’eau fonctionnent comme des éponges et diminuent les ruissellements (un HA de zone humide stocke 15 000 m3 d’eau) ;
-la limitation des constructions autour des lits des rivières avec des contraintes de hauteur lorsqu’elles sont permises ;
-la création de bassins de rétention dans les zones déjà inondées et le maintien en bon état de propreté des accès à la mer ;
-et l’élaboration des plans d’évacuation des lieux à risques habités, avec des exercices réguliers.
De manière plus structurelle, la règle de ne plus reconstruire à l’identique sur des zones inondées à l’expérience de la tempête Xynthia en Charente Maritime avec 53 morts doit s’appliquer. Elle a d’ailleurs conduit les autorités à y classer 1400 habitations comme construites en « zone noire, exposées à un risque mortel » et à les détruire.
5 – Enfin face aux catastrophes, les populations et les territoires ne sont pas égaux face à la menace climatique : la vulnérabilité varie selon la démographie, la géographie et les décisions d’aménagement antérieures.
Il faudra donc repenser la manière d’indemniser, sans que les populations des zones à risques ne supportent de trop fortes primes d’assurances. Pour ce risque, il conviendrait donc d’améliorer la mutualisation de la couverture, car les assurances ont des ressources qui ne peuvent couvrir une répétition de catastrophes, au surplus si les prévisions sur la crise climatique se révèlent justes dans leur hypothèses les plus sombres.
6 – Je conclus mon propos en formulant encore mon soutien au peuple espagnol, aux familles endeuillées et appelle à la solidarité européenne pour que l’Union Européenne fasse la démonstration réelle et effective de sa solidarité.