Résumé : Le doliprane ( dont le principe actif est le paracétamol ) est un antidouleur qui ôte entre autres, les maux de tête. S’agissant du gouvernement il provoque l’effet inverse !
Pour rappel, lors de la crise sanitaire, le président de la République s’était engagé à « renforcer la souveraineté sanitaire de la France » et à accélérer la réindustrialisation du pays, notamment en matière de médicaments. Le pays connaissait alors une pénurie de masque et de paracétamol, molécule connue depuis les années 50, mais fabriquée en Inde, car son brevet était passé dans le domaine public, impliquant la baisse de son prix, incompatible avec les coûts de production en France.
Cette situation a révélé la vulnérabilité sanitaire du pays, au point que 40 M€ avait été engagés pour relocaliser la production de cette molécule.
Et puis patatras !
Le présent billet explique le pourquoi du patatras et esquisse les orientations pour y remédier
TEXTE
1 – Le laboratoire français SANOFI ( grand absent de production du vaccin anti-covid) vient d’annoncer son intention de céder 50 % de sa filiale qui fabrique le paracétamol à un fonds d’investissement américain.
L’effet est dévastateur dans l’opinion publique, car il montre le fossé qui sépare le promesses et les réalités !!!
Le groupe explique que la vente lui apportera du cash pour investir dans l’innovation. Certains disent cependant qu’il s’agit d’une opération financière pour améliorer son rendement car SANOFI, grand bénéficiaire du crédit impôt recherche a été peu innovant, à l’exemple de son absence sur le vaccin par ARN messager. Enfin d’autre veulent un nom de la souveraineté veulent bloquer la vente : le décret Montebourg, permet de soumettre cette vente à autorisation gouvernementale, car elle relève de la protection de la santé publique.
Cette dernière solution, risque de rendre plus difficile la recherche de capitaux par les entreprises françaises, car elle indiquerait un dirigisme excessif, alors que les investisseurs étrangers détiennent 40 % des actifs du CAC, donc ont investi à 40 % dans les besoins de nos entreprises.
2 – Le gouvernement a assuré dans ses 1ères déclaration qu’il allait obtenir des garanties sur la préservation de l’emploi. Mais rien n’est moins sûr dans la durée, surtout si ce fonds revend ses parts à un autre acteur financier.
On semble aujourd’hui se diriger vers une entré au capital de BPI France, ce qui lui permettrait au conseil d’administration et en assurer pour partie la gouvernance afin d’assurer le maintien de l’emploi en France.
In fine, cette prise de participation, tout autant que celle du fonds privé américain, révèle l’absence de ressources financières de la France pour participer au mouvement d’investissement mondial, mené tant par des groupes privés que par des opérateurs publics dépendant d’un État, afin d’orienter ou de soutenir certains secteurs qu’ils jugent essentiels.
3 – Ces opérateurs publics sont plus connus sous le nom de Fonds Souverains. Détenus par des États, ils sont financés par les réserves de devises et d’avoir étrangers, issus de rentes des matières premières, comme en Norvège, ou d’une balance commerciale positive, comme en Chine.
Ils agissent en investissant dans le pays d’origine ou à l’étranger, avec une préférence pour les États les plus stables économiquement, comme les USA et l’UE.
Ainsi le fonds souverain de la Norvège a investi dans 8 800 entreprises situées dans 72 pays, car il détient plus de 1 600 Mds de $ ( soit 1 470 Mds d’€, quasiment les dépenses publiques en 2021). Il devance la Chine (1 350 Mds $ ou 1 241 Mds d’€) ou le Qatar (526 $ ou 483 Mds d’€).
4 – La France avec BPI France dispose de 44 Mds d’€ soit 1/10ème du 9ème fonds souverain mondial : le fonds de Hong Kong avec 472 Mds d’€.
On comprend donc mieux que les richesses du pays (et surtout pas notre balance commerciale déficitaire) ne pourront en assurer le financement, mais qu’en élargissant l’assiette à l’UE, celle-ci sera capable, du moins financièrement, de trouver les ressources pour mettre en place un fonds souverain européen.
Ce fonds serait alors capable d’agir dans les domaines militaires, de réserves en eau, d’indépendance énergétique (car l’indépendance de la filière nucléaire n’est pas assurée puisque les deux tiers de l’uranium provient du Kazakhstan, du Niger, de l’Ouzbékistan et de la Namibie, dont la stabilité politique et le respect des contrats est instable) et de recherche technologies critiques (cybersécurité, intelligence artificielle, robotique, semi-conducteurs, technologies quantiques, par exemple).
Mais l’heure n’est pas à la coopération européenne, car les pays de l’UE sont emportés par une vague de repli sur soi, avec l’émergence des partis de droite extrême.
5 – Il faut cependant reconnaître, que l’UE que nous avons connue, ouverte à tous les vents et sans régulation, obnubilée par la fumeuse idéologie de la « concurrence libre et non faussée », s’est trouvée piégée, par les grands ensembles qui eux pratiquaient la protection de leurs production (voir le PATRIOT ACT des USA et les conditions d’entées sur le marché chinois).
Il serait donc temps pour que l’UE en finisse avec une idéologie qui a détruit son industrie, ses emplois et éloigné d’elle ses citoyens.
C’est le but du récent plan d’investissement de Mario DRAGHI, ancien vice-président de la banque Goldman Sachs International, puis de la BCE, donc loin d’être un « gauchiste ». Il a désormais ouvert les yeux sur la réalité et assume le fait que seule une UE forte et unie peut faire face, aux grands ensembles que sont les USA, la Chine, la Russie et demain l’Inde.
La construction du fonds souverain européen complèterait cette vision !
6 -Mais il faudra faire preuve de pédagogie et de force de conviction pour faire face aux égoïsmes nationaux. En effet ceux-ci sont à la merci du bouleversement du monde, comme l’a montré l’approvisionnement de l’Allemagne en gaz russe et le renchérissement des matières premières qui ont nui à sa production industrielle, jusque-là citée en exemple, de sorte que le pays est en récession : son PIB va baisser deux années de suite.
Gageons que les maux de tête provoqués par le Doliprane, feront prendre conscience d’une crise plus profonde, que la crise politicienne qu’il alimente : celle du besoin d’une avancée européenne.